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Date : 30-08-2024 21:08:37
Pour ceux pour qui mon lien précédent n'est pas cliquable :
Face au blocage politique depuis les législatives, Jean Viard, sociologue et directeur de recherche au CNRS, appelle à "changer le système électoral" et "modifier la base des charges sociales".
Et si la situation politique actuelle, avec la recherche interminable d’un Premier ministre par Emmanuel Macron, était finalement une bonne chose?
Selon lui, le blocage doit permettre un bouleversement, avec en priorité l’intégration de la proportionnelle aux élections et la hausse des salaires en faisant davantage passer le poids des charges sociales vers le capital.
"Ce qui se passe, ça me fait plaisir ; au fond, c’est la fin de la Ve République où il suffisait d’avoir 25% des voix pour gouverner le pays. Ce qui était le cas du président Macron. A chaque fois, il a 25% et au deuxième tour, on ne vote pas pour lui mais contre Le Pen. On rentre dans un autre système politique. La question, ce n’est pas de pleurer toute la journée. Il faut qu’on aille vers un système proportionnel aux élections, sur base régionale. Et que les partis discutent entre eux pour voir ce qui est essentiel et ce qu’ils peuvent négocier.
Personne ne veut négocier. Si on ne veut pas négocier, on n’y arrivera pas. On va avoir un gouvernement technique, ce n’est pas grave. La question, c’est que va-t-il faire?"
Et pour Jean Viard, "si les élus nationaux sont mauvais, il n’y a qu’à les laisser de côté". "Ce qui est bien dans l’Assemblée nationale d’aujourd’hui, c’est qu’elle représente nos sensibilités, souligne-t-il. C’est la France. On voudrait en cacher toute une partie. Il y en a qui ont 28% des voix qui crient ‘on a la majorité’. Je sais compter, donc ce n’est pas vrai. Les macroniens ont pris une claque, tout le monde l’a vu.
Il faut renverser le discours, se dire qu’on a une Assemblée qui représente bien la France, et ce n’était pas arrivé depuis longtemps. Donc comment on en fait une force pour modifier le système social et le système électoral? Ce n'est peut-être pas aux élus de le faire. Ce n’est pas toujours le médecin qui se soigne le mieux lui-même. Ça peut être aux élus locaux, qui ont un poids énorme dans ce pays et ne sont pas respectés."
"Allons vers des compromis"
"Il ne faut pas être antiparlementaire, mais je pense qu’on est au bout d’un système où une minorité gouvernait au nom de tout le monde, ajoute le sociologue, co-auteur avec Laurent Berger du livre Pour une société du compromis (Editions de l’Aube). C’est l’histoire de France et heureusement qu’il y a eu ce système pour arrêter la guerre d’Algérie, mais aujourd’hui on n’est plus là-dedans. Regardez les pays autour de nous, ils mettent deux ou trois mois à faire un gouvernement. Il faut négocier, mais pas sur des hommes. Il faut négocier sur des projets. Allons vers des compromis, disons ce qui est premier. Et ce qui est premier, c’est de changer le système électoral pour faire la proportionnelle. Ce qui est second, c’est de modifier la base des charges sociales, qui ne pèsent que sur le travail et l’écrasent alors qu’il y a de plus en plus de retraités, de la consommation et qu’on peut sans doute augmenter la flat tax de 30-35%."
Dans un monde "radical", Jean Viard appelle à la discussion et l’union. "Le monde est radical, donc il faut se mettre ensemble pour discuter pacifiquement entre nous, plaide-t-il. Si on veut être radical face à la radicalité, c’est l’explosion."
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